Si tu es propriétaire dune entreprise, quelle quen soit la taille ou si tu es un politicien sous les ordres de ceux qui croient que le plein-emploi est impossible ou non souhaitable, je tiens à te dire que je suis parfairement daccord. Dailleurs, jen ai fait allusion plus haut en te racontant lexpérience dont jai été témoin dans une situation équivalente au plein-emploi. Donc, je ne crois pas que le plein-emploi sois souhaitable mais le double plein-emploi, oui. Je dirais même que la partie concernant le plein-emploi des cerveaux de chacun des employés est aussi nécessaire que la deuxième aile dun avion. Un des buts de <lOpération double plein-emploi> est justement de poser une aile à cet avion en introduisant dans le programme de création demplois basé sur la réduction du temps de travail, la notion de productivité. Il sagit simplement dy ajouter un incitatif à mettre en place un régime dintéressement des employés aux résultats de lentreprise sous forme de crédits dimpôt ou autrement. Je me dois de suggérer fortement la formule de la cellule capitaliste-socialiste pour toutes les raisons déjà mentionnées.
Je suggère un programme musclé de création demplois qui agirait comme une batterie dans une auto. Une fois que la formule est en marche, le régime dintéressement à la productivité devrait maintenir le temps de travail au niveau initialement établi par le programme. Les participations des divers intervenants qui profitent de la réduction du chômage diminueraient graduellement sur une période de cinq ans. Toutefois, pour les entreprises qui auront des difficultés dajustement mais qui sont capables de démontrer quelles peuvent y parvenir pourraient profiter dune deuxième chance. Cette mesure serait nécessaire dans les cas de causes extérieures, secteur dactivités économiques difficiles ou périodes de récession.
Au Canada, le programme pourrait ressembler à ce qui suit: Les critères <dadmissibilité > seraient réduits à leur plus simple expression, cest-à-dire que les entreprises qui acceptent de sen prévaloir doivent prouver quelles créeront un pourcentage demplois supérieur au taux de chômage et quelles ont lintention dinstaurer un régime dintéressement des employés aux résultats de lentreprise susceptible de sauto-financer dans une période de cinq ans. Ce minimum de critères et leur clarté devrait rendre le coût dadministration très bas à tous les niveaux (étude dadmissibilité, contrôle etc).
Les intervenants pourraient être les gouvernements fédéral et provinciaux, les entreprises, les employés, le Fonds de Solidarité de la FTQ, Fondaction de la CSN ou autres organismes qui profiteraient de la baisse du taux de chômage et de laugmentation de la capacité concurrentielle des entreprises. La participation du gouvernement fédéral serait sous la forme de lexemption totale des cotisations à lassurance-emploi (part de lemployeur et part des employés) ainsi quun crédit dimpôt suffisamment élevé pour chaque emploi créé afin que les entreprises soient intéressées à augmenter le nombre demplois malgré les coûts supérieurs en raison des bénéfices marginaux, des coûts de formation et de laugmentation des risques au niveau des accidents de travail. A ceci sajoute des exemptions dimpôts pour encourager le régime dintéressement des employés aux résultats de lentreprise.
La contribution du gouvernement provincial devrait égaler celle du fédéral par des moyens de son choix parce que daprès la loi dOkun en 1981, un chômeur aurait coûté 66,237$. La même étude démontrait quil en aurait coûté 44,633$ pour créer un emploi dans le cadre dinvestissements publics mais quil serait possible de diminuer ces coûts lorsquil ny a pas de matériel à acheter (matériaux, expertises etc.). La réduction du temps de travail nentraîne aucun investissement. Au contraire, dans bien des cas, elle augmenterait le temps dutilisation des investissements.
Au Québec, nous avons le Fonds de Solidarité et Fondaction qui auraient intérêt à contribuer pour une somme équivalente à une heure par semaine par employé parce quune partie de leur investissement retournerait dans les coffres des centrales qui les a mises au monde en raison de laugmentation des cotisations syndicales. Ces deux fonds ont été créés spécialement pour sauvegarder ou créer des emplois et encouragent même les travailleurs à investir dans les entreprises qui les emploient. De plus, nous verrons plus loin quun programme spécial pourrait être créé en vu dinciter fortement les travailleurs à contribuer au maximum dans leur fonds.
Les entreprises devraient consentir à contribuer pour une heure par semaine en raison de laugmentation de la productivité qui devrait sensuivre et de la diminution des coûts indirects (sociaux) qui se rattachent au chômage.
Les employés contribueraient pour une valeur équivalente en réduction du temps de vacances parce que lensemble du programme devrait réduire la semaine de travail à trente heures, rendant plus supportable cette concession.
Les modalités de diminution des contributions devront être agencées de façon à maintenir une certaine pression sur le régime dintéressement afin de ne pas décourager ni rendre dépendantes les entreprises qui auront pris le risque de changer le moteur du rapport de force entre employeurs et employés pour celui fonctionnant à lénergie créatrice et coopérante.
Afin de donner une deuxième poussée à ce régime, je suggère de réinvestir les sommes qui auraient dûes être normalement réduites de la contribution totale des intervenants dans un autre programme. Ceci agirait comme la deuxième étage dune fusée. Le but étant toujours de favoriser laccélération. Supposons que lon aurait prévu une diminution des contributions des intervenants de 20% par année sur une période de cinq ans, la valeur de cette diminution serait employée dans un nouveau programme pour encourager les travailleurs à contribuer dans des régimes de pension (REER). Ceci corrigerait ce qui mapparaît une faiblesse <pour ne pas dire une injustice> dans ces régimes qui favorisent les riches aux dépens des pauvres. Daprès une enquête, tenue en 1996, seulement 31% des personnes au Canada cotisent dans ces régimes pour un montant qui représente 14% du total permis, cest-à-dire si toutes les personnes admissibles contribuaient au maximum. Je pense quen tenant compte que les personnes à bas revenus et mêmes celles recevant un salaire moyen nont pas les <moyens> de contribuer, il est facile den déduire que ce sont les riches qui profitent de ces régimes. Non seulement ils en profitent, mais ils le font aux dépens des plus faibles, parce que ces derniers paient plus dimpôts et que les assistés sociaux ou chômeurs sont coupés, afin que les riches maintiennent leurs privilèges.
Je suggère donc de donner une deuxième utilisation à ces sommes en les offrant à tous ceux qui contribuent au maximum dans des REER. En passant, jaimerais souligner limpact que cela pourrait avoir sur les futurs retraités et par ricochet sur lemploi et la solidarité. Comme je lai déjà mentionné, au Québec nous avons le Fonds de Solidarité de la FTQ et Fondaction de la CSN, qui sont des organismes ayant pour but de créer des emplois mais qui sont, à mon humble avis, sous-utilisé et peut-être même mal utilisés. Cest-à-dire que jai vu souvent des investissements faits dans le but de faire relever des <canards boiteux> ce qui en bout de ligne constituent une concurrence déloyale parce que ces investissements sont faits à même les réductions dimpôts. Une meilleure utilisation de ces fonds serait de réduire le temps de travail ce qui profiteraient à tous. Je crois que ces fonds nexistent pas ailleurs mais jimagine que si tous les gouvernements ou pays se rendent compte de leur utilité, ils auront le goût den créer de semblables.
Donc, en permettant une deuxième utilisation aux contributions des intervenants comme incitatif à investir au maximum dans les REER nous pouvons estimer que la contribution permise de 7,200$<18%> du salaire annuel estimé à 40,000$ coûterait en réalité que 3,075$ parce quun montant de 3,500$ au Fonds de Solidarité est admissible à un crédit dimpôt de 75% et que le reste <3,700$>lest à 40%. Un premier impact, se produirait suite au fait quil y aurait probablement beaucoup plus de travailleurs qui seraient intéressés à prendre une retraite anticipée. Ceci deviendrait ainsi une source demplois et permettrait de se constituer un régiment de bénévoles. Un deuxième impact viendrait du fait que laugmentation vertigineuse dentrées dargent à ces fonds deviendraient la source principale dinterventions financières dans le but de réduire le temps de travail sans réduction de salaire. Ainsi, le chômage étant attaqué sur tous les fronts, tous les espoirs sont permis pour que lon en vienne à une victoire définitive sur ce fléau des temps modernes. A ce moment-là, les cotisations à lassurance-emploi seront à toute fin pratique disparues et le bien-être social sera versé seulement à des personnes inaptes au travail. Le seul défi qui nous restera à relever sera de franchir la barrière phychologique de 4% du taux de chômage supposément nécessaire pour contenir linflation. En effet, même Monsieur A.-M. Okun qui était pourtant un défenseur du plein-emploi jugeait quil était dangereux de la franchir parce que lon risquait de rencontrer le monstre de linflation. Je suis convaincu que si lentité dominante et lentité dominée sunissent, ils réussiront à terrasser ce monstre comme ils lauront fait pour le chômage.
Il existe déjà au moins un pays au monde qui a réussi le plein-emploi tout en demeurant concurrentiel et en contrôlant linflation. Il sagit de Singapour, un petit pays de 618 Km2 avec 3.7 millions dhabitants <près de 6,000 au Km2>. Parti dune situation de pauvreté absolue en 1965 il sest placé en deuxième place en Asie sur le plan économique et en deuxième aussi pour le revenu per capita parmi les principaux pays industrialisés. Tous les indices soci-économiques sont les meilleurs. Le taux de chômage est quasi nul <1.8%> et linflation de 2% malgré une hausse nominale des salaires moyens de 5.7%. Lépargne domestique est de 51.2% du PIB. Il paraît que 40% des salaires vont à lépargne prise à part égale entre les travailleurs et les entreprises et quelle est presque obligatoire. Le budget du pays est en excédent et ils ont des réserves de 73 milliards <augmentation de 10% de 1996 à 1997>.
Il est difficile de croire ces statistiques quand on sait que la principale source de revenus de ce pays a déjà été la culture du pavot et que 20% de la population fumait de lopium. A la fin des années soixante, la première tâche du gouvernement a été de mettre le feu dans la partie la plus malfamée de Singapour <tripots et fumeries dopium>. Ce revirement est dû à la mise en place dun appareil gouvernemental doté dun bon programme doublé dune volonté de transparence et dintégrité à toute épreuve. De plus, daprès un ancien ministre de lIndustrie et du Commerce du Québec qui sétait rendu là-bas, ce pays pratique la <méritocratie>. En vertu de ce principe, on naccorde des responsabilités et du pouvoir quà ceux qui le méritent. Il ny a pas de place pour lincompétence et linefficacité. A remarquer que la cellule capitaliste-socialiste, sans aller jusquà exclure les moins productifs, fait en sorte que ceux qui sont au pied du triangle sont quand même moins favorisés en pouvoir et en revenus.
Malgré une population dense et une très grande activité portuaire et économique, la ville de Singapour est la plus propre au monde. Il en est de même de ses plages. Si ce pays a réussi à tranformer une situation pourrie en si peu de temps, cela devrait nous donner le goût et le courage dentreprendre une transformation aussi spectaculaire au niveau de la planète. Le problème est plus grand mais les moyens pour le solutionner sont proportionnels et même en un sens supérieurs. En effet, nous avons maintenant un système neuronal planétaire en formation et la transformation à faire est au niveau de la prise de conscience dabord, de la prise de décision ensuite et enfin de lexécution. Tout ceci est rattaché à lintelligence et il faut se rappeler que lintelligence est exponentielle.
Pour résumer en ce qui concerne ce pays, si les dirigeants ont réussi en 1997 à: atteindre une croissance de 7.8% en comparaison de 2.3% pour la France; atteindre aussi un PIB par habitant de 25,800$ (USA) en comparaison de 24,000$ pour la France; augmenter la productivité de 1.6% et maintenir linflation à 2%; augmenter les salaires de 5.7%; réussir le plein-emploi (1.8%) à tel point quil cherche des moyens dattirer la main-doeuvre; avoir une dette extérieure de zéro et des réserves de 72.6 milliards (USA); réussir le tour de force de faire épargner les ménages pour 51.2% de leur revenu. Pour toutes ces considérations et en tenant compte de leur passé peu glorieux ou encore quil semble ne pas avoir beaucoup de richesses naturelles, je crois quils ont prouvé que limpossible devient possible dans certaines conditions.
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