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Que l’on croit à une création de tout ce qui existe qui se serait faite en six jours ou que l’on croit à une évolution de la vie s’étendant sur des millions d’années, plusieurs questions peuvent nous paraître sans réponse. Je m’en tiendrai à celles qui concernent ma démarche. La première qui me vient à l’esprit est celle-ci. Existe-t-il Quelqu’un de plus grand que nous qui a un plan qui a du sens pour nous? Ma longue traversée du désert m’a donné souvent l’occasion d’en douter. Mais le simple fait que je me considère comme une colombe qui annonce que l’impossible devient possible dans certaines conditions démontre que j’ai des raisons d’y croire.

Je savais bien que la graine que l’on met en terre, ce n’est pas nous qui la faisons germer et grandir jusqu’à maturité, selon son espèce. Il en était de même pour toutes les manifestations de la vie. Là où je voyais un problème, c’était le déséquilibre entre les humains. Il paraît qu’un humoriste a dit: ‘Si c’est Dieu qui a créé le monde, j’espère qu’Il a une bonne excuse”. Justement, en voyant les merveilles de l’univers ou de la nature, on peut se demander pourquoi Il n’a pas pensé qu’en donnant tant de liberté aux humains, ceci équivaudrait à la loi de la jungle et qu’un jour sous le couvert de la mondialisation des marchés, des géants de plus en plus gros écraseraient un nombre de plus en plus grand de petits. On peut se demander aussi pourquoi il n’y a pas de David pour combattre ce Goliath des temps modernes. La réponse à ces questions pourraient être contenue dans l’annonce de la colombe, car dans le monde de l’impossible, un petit impossible demeure aussi impossible qu’un grand impossible. Un exemple, serait qu’un brin d’herbe, qui pousse sans intervention humaine est aussi digne d’émerveillement que le plus grand des arbres.

Donc, en vous annonçant que j’ai expérimenté ou été témoin de petits impossibles devenu possibles dans certaines conditions, je pense pouvoir vous annoncer aussi que je crois que le plus grand impossible de se construire un modèle de gestion qui respecte les droits ou aspirations de chaque personne est possible...et cela malgré le bilan extrêmement négatif de l’humanité sur ces deux aspects. Cependant, je dois avouer qu’il m’arrive encore de douter de l’existence de ces petits impossibles rendu possibles dans le passé.

Présentement, je traverse une période tellement sombre et désespérante au niveau d’un impossible que j’espérais voir se réaliser (comme les autres, parce que je croyais que les conditions étaient réunies) que j’ai été jusqu’à penser que ceux du passé, n’étaient peut-être que des mirages, après tout. Je suppose que ceci veut dire que je n’ai peut-être pas complété ma traversée du désert et qu’après les quelques jours où je n’ai pu avancer dans la composition de ce texte en raison de ce doute, je dois rassembler toutes mes énergies pour te livrer le message d’espérance de la colombe... car j’espère bien ne pas être le corbeau de la Bible ou de la légende. En effet, il paraît que c’est à un corbeau que Noé avait confié le mission d’aller voir si la terre était proche. Le corbeau revint parce qu’il n’avait pu se poser nulle part. On peut imaginer que la colombe a peut-être passé par les même tourments ou les mêmes doutes que moi durant son voyage de reconnaissance.

Pour revenir au bilan de l’humanité, on peut dire que sur le plan de l’évolution technologique, il est extraordinaire et emballant, mais sur le plan humain, il est indigne de Celui qui avait crû bon de nous donner la liberté. La domination des uns sur les autres a probablement toujours existé mais l’invention de la roue, symbole de la technologie, il y a six milles ans, a peut-être été le début de l’élargissement du fossé entre les dominants et les dominés et de l’avènement de la compétition, c’est-à-dire que ceux qui avaient les moyens de se payer cette invention pour l’appliquer à leurs besoins devenaient plus performants par rapport aux autres. Il en est de même pour beaucoup d’inventions qui tout en étant bonnes peut aussi servir de moyens de dominer les autres. Il y a aussi les inventions inutiles qui appauvrissent et les inventions nuisibles.

La technologie s’est tellement développée et a pris tellement d’importance que dans les années trente, ses promoteurs avaient inventé un slogan qui disait: “La science explore, la technologie exécute, l’homme s’adapte”. Avec la mondialisation des marchés, tout se passe comme si ce slogan était en fait une prophétie, car il semble bien qu’il faudrait se résigner à s’adapter à n’importe quoi. Le problème c’est que pour 800 millions d’êtres humains, ils ne réussiront jamais à s’adapter car je n’ai jamais vu quelqu’un s’adapter à un régime de famine. Et dire que techniquement, il n’y a aucun obstacle au développement des populations pauvres, car les obstacles sont dans l’esprit des humains.

Comment s’adapter à des disparités de revenus aussi surprenantes que celles où un spéculateur gagne un milliard en une journée dans des opérations à la bourse? De même, comment l’humanité en est-elle arrivée à trouver normal un salaire de 216,000$ par seconde pour un boxeur qui avait livré un combat d’une minute et demie, il y a quelques années... et ceci basé sur deux critères qui me semblent très discutables, à mon avis, à savoir, la résitance de sa boîte crânienne aux coups de poing et de sa capacité à frapper plus vite et plus fort? Comment s’adapter à la dégradation de l’environnement, au réchauffement de la planète, à des conditions de travail inhumaines et au désoeuvrement de la jeunesse qui les conduit au suicide ou à la drogue? Comment s’adapter enfin, à la surexploitation des richesses naturelles privant les générations à venir? Pour employer une expression bien connue chez-nous, “si la tendance se maintient” ce sera l’enfer pour une majorité de personnes durant le prochain siècle.

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