Comme je le mentionnais au début, lOpération double plein-emploi aura comme résultat de changer le moteur de la compétition par celui de la création/coopération. Ce moteur devrait avoir la capacité de faire rouler la solidarité dans toutes les parties du monde et dans tous les secteurs de lactivité humaine. Il mapparaît important de faire la distinction entre ces deux types de moteurs. Je ne prétends pas être un expert en la matière mais voici où je crois voir des différences fondamentales. Le moteur à compétition est en fait le capitalisme sauvage qui est une version dégénérée de ce quil a probablement déjà été et de ce quil pourrait devenir. Monsieur Albert Jacquard, généticien et philosophe se sert dune anecdote pour illustrer la différence entre une économie basée sur le rapport de force et une autre basée sur la coopération. <Deux personnes se rencontrent qui ont chacune une pomme. La logique du capitalisme sauvage, cest que le plus fort tape lautre sur la gueule et reparte avec deux pommes. Mais si deux personnes qui ont une idée se rencontrent et sont capables de discuter, la logique veut que chacune reparte avec deux idées. Les idées se multiplient lorsquelles sont partagées>.
Le capitalisme peut avoir un visage humain lorsquil nest pas en compétition. Lexemple suivant le démontre bien. Il sagit dun petit village situé au pied dune montagne sur laquelle il y a une source. Chaque habitant du village doit prendre une heure de son temps par jour pour transporter leau qui est nécessaire à sa famille. Un jour, quelquun qui avait lesprit inventif a offert de construire un système de dalles en bois qui permettrait à leau de descendre au village. En échange, il a demandé que chaque habitant du village lui donne cinq minutes par jour pour ses travaux personnels. Chacun y trouvant son compte parce quils économisaient 55 minutes par jour, le marché fut conclu à lavantage de tous. Ce genre de capitalisme est souhaitable parce quil incite à avoir des idées nouvelles en vue doffrir un produit ou un service utile en respectant un concept de gagnant-gagnant.
Il y a dégénérescence du capitalisme lorsque son but est uniquement de faire de largent. Cest alors quil invente des produits ou des services inutiles (gadgets) et quil réussi à les vendre par la publicité où le client se croit obligé de lacheter parce que les voisins se les ont procurés. Des signes de dégénérescence sont encore plus visibles lorsquil sagit de produits nuisibles pour les humains ou lenvironnement. Ce genre de capitalisme, pille ou gaspille les richesses naturelles, pollue, met souvent ses employés en danger soit pour leur vie ou leur santé. Cest ce genre de capitalisme aussi qui maintient un taux de chômage artificiellement élevé, qui oblige à faire travailler un groupe de personnes de plus en plus vite et plus longtemps afin quelles naient pas le temps de penser tandis quun autre groupe sennuie à ne rien faire ou à végéter.
Monsieur Michel Albert dans un livre intitulé:< Capitalisme contre capitalisme> compare deux modèles de capitalisme: le modèle <néo-américain> fondé sur la réussite individuelle, le profit financier à court terme et leur médiatisation. Je crois quil sagit du catoblépas de lAntiquité ou encore du capitalisme des cigales qui vivent au jour le jour. Il y a aussi le modèle <rhénan> qui se pratique dans certains pays dEurope et avec des variantes au Japon. Ce modèle valorise la réussite collective, le consensus, le souci de long terme. Le premier modèle est plus séduisant, le second est plus performant. Ce serait le capitalisme des fourmis qui,aujourdhui préparent demain. Notre avenir dépend du modèle que nous choisirons. Déjà, en 1991, il disait que cest laffaire de chacun de nous. Pour chacun de nous, demain se décide aujourdhui et que si nous navons pas la lucidité de nous unir pour choisir notre avenir, cest que nous en aurons perdu la capacité. Souhaitons quil se soit trompé de quelques années et quil est donc encore temps en 1999.
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